La presse francophone belge est en déclin. Pensée Unique, conformisme, ignorance et subsides en sont les
principales mamelles. Le Soir, quotidien de référence par excellence, fera l'objet de nos observations parfois
amusées, souvent consternées, afin de livrer la chronique d'un lent suicide, celui d'une presse écrite de 'déférence'.

vendredi 30 novembre 2012

Acide saturés: taxer le Nutella (avant les fromages)?

Les soupçons qui pèsent sur le Nutella et l'huile de palme sont régulièrement étalés en pages 'Santé' ou 'Durabilité Citoyenne' de la presse consensuelle.

Pour l'huile de palme comme pour la consommation de fromage ou de viande de boeuf, tout est question de quantité et de diversité du régime alimentaire. Se contenter de décréter que tel ou tel produit est dangereux pour la santé, sans autre explication ni comparaison, relève de la malhonnêteté intellectuelle.

Le Soir écrivait récemment que l'huile de palme est "nocive pour la planète et la santé" alors que, sans la considérer comme l'huile parfaite, elle a des avantages qui peuvent en faire une huile adéquate pour la santé, l'environnement et le combat contre la pauvreté.

Santé

L'huile de palme contient des acides gras saturés (50%), tout comme le beurre (60%) et le lait (63%), mais elle ne contient pas d'acides trans qui sont très mauvais pour la santé:
L'huile de palme a la particularité d'être solide ou semi‐solide à température ambiante. Cela signifie qu'elle est meilleure pour la santé que ses homologues (colza et soja) sous forme solide car elle n'a pas besoin d'être hydrogénée pour être solide. Or, c'est le processus d'hydrogénation partielle qui entraîne la formation d'acides gras trans artificiels, dont la consommation serait liée à des maladies cardiaques, hausse du taux de mauvais cholestérol et baisse du taux de bon cholestérol (HDL : lipoprotéines de haute densité). Cette propriété fait de l'huile de palme un substitut attrayant à nombre de graisses animales.
Protection de l'environnement

l’huile de palme bénéficie d’une productivité très élevée par rapport à ses substituts, ce qui la rend paradoxalement un économisateur de terre:
L'huile de palme produit une moyenne de 3,72 tonnes d'huile/hectare, à rapporter aux 0,40 tonnes du soja et aux 0,72 tonnes du colza. En d'autres termes, le palmier à huile produit près de dix fois plus de matière grasse par hectare que le soja, et plus de cinq fois plus que le colza.
Notons également que la superficie consacrée par la Malaisie à la production d’huile de palme en 2011 a été multipliée par 5 depuis 1975 alors que la production a, elle, été multipliée par 16 depuis cette date. 

Le Soir fustige la déforestation dans les pays producteurs mais a oublié sa calculatrice dans le tiroir. Le quotidien durable devrait consulter les données de la Banque Mondiale pour constater que la Malaisie n'est pas gourmande en terres arables:
Le conseil malaisien de l'huile de palme rappelle dans un communiqué publié le 12 novembre que la Malaisie "s'est engagée à conserver une couverture forestière sur 50 % de son territoire en dédiant 24 % à l'agriculture. (...) Les malaisiens pointent également les "101 kilos de viande consommés par personne par an, qui contiennent 15 kilos de graisses saturées" ou les "30 % de matières grasses contenues dans les 24 kilos de fromage" consommés tous les ans par chaque français.
Les terres agricoles occupent  45% du territoire belge et plus de 50% du territoire français et jamais la presse ne leur tombe sur le râble pour crime de déforestation...

Les ayatollas du CO2 seront aussi heureux d'apprendre qu'un hectare de palmiers à huile permet de séquestrer 8,32 fois plus de CO2 que la même surface de soja à huile et qu'il relâche également 8 fois plus d'oxygène dans l'atmosphère.

Des données qui ne feront certainement pas l'affaire des écologistes qui ont préféré faire la promotion du soja qui est pourtant la première cause de déforestation en Amérique du Sud. Ils ne dénoncent pas non plus les effets délétères que le soja peut avoir sur la santé.

Lutte contre la pauvreté

L'huile de palme est produite en Malaisie, en Indonésie et en Afrique, aussi bien par de grosses exploitations que par des milliers de petits producteurs. En Malaisie par exemple, Les campagnes de dénigrement des écologistes portent atteinte à une filière qui emploie plus d'un demi-million de personnes et en fait vivre près du double.

Avant de tomber dans l'hystérie facile, la presse gagnerait à être plus nuancée, en comparant les caractéristiques des territoires étudiés et en mettant en parallèle les avantages et inconvénients de chaque alternative.

jeudi 29 novembre 2012

Le Soir et le web, ça fait deux..


Maroun Labaki: c'est la crise, dépensons!


Maroun Labaki écrivait dans Le Soir du 24/11 que les "populistes de toutes obédiences" qui souhaitent une réduction du budget de l'UE oublient que le budget européen "est évidemment un outil idéal pour faire des économies-d'échelle". 
Comme avec la PAC (plus de 40% du budget) qui paie des agriculteurs pour mettre leurs terres en jachère ou oblige les consommateurs à surpayer leurs produits alimentaires

Maroun Labaki ne sait pas écrire correctement "économies d'échelle" mais le plus risible dans son pamphlet est qu'il qualifie de populistes les dirigeants qui souhaitent apporter un peu plus de rigueur dans la gestion prodigue des finances de l'UE. 

Isolant David Cameron dans le clan des populistes bornés, le journaliste oublie dans son papier les Pays-Bas (qui exigeaient deux fois plus d'économies que la Grande-Bretagne), l'Autriche, la Suède, le Danemark, la Finlande et l'Allemagne qui souhaitent eux aussi des coupes budgétaires.

Retour documentation, Maroun! Il n'y a pas que les Britanniques qui en ont assez de la PAC et d'Objectif 1,2, 3!...

Bisounours & Totoro


Notre second compte-rendu des petites infos consternantes et farfelues qui parsèment si souvent les pages du Soir. Papiers complaisants, odes aux dernières productions alter-comprenantes de zozos grassement subsidiés et réflexions profondes d'éditorialistes bien-pensant. Pour rire ou pour pleurer. 

Sans subvention, pas facile d’organiser un espace « du vivre ensemble et du chacun selon ses goûts ».
"un lieu où des ASBL naissantes pourraient établir leur siège social, disposer de locaux de réunion, de bureaux, ainsi que de services administratifs communs. En retour, elles s’engageraient à partager tout ou partie de leurs points APE (subsides à l’emploi) afin de financer le recrutement de ce personnel partagé. « Et la couveuse pourrait également gérer ces points APE ainsi que les dossiers de demande de subsides»"
  • Pour Frédéric Lenoir (23/11), philosophe rigolo, les méchants sont partout: globalisation (le terme correct est mondialisation), économie financière qui détruit la planèteproduits financiers toxiqueslogique productivistegrands groupes agro-industriels américains (essayez un peu d'asséner "grands groupes agro-industriels suisses", ça fait tout de suite moins peur), gaz à effet de serre, huile de palmeconsumérisme et médecine occidentale. L'Europe est en déclin et ne retrouvera pas la croissance d'antan prédit ce partisan de la décroissance. Alors il faut des métiers d'avenir pour les jeunes, comme... recycleur de déchets. Payés par qui? On ne sait pas. Il voudrait aussi "stopper les grands groupes" (Vanden Borre? Carrefour? Galler?) mais regrette ne pas être assez violent pour ça: "C'est très difficile. Je ne prône pas la violence, je suis un disciple de Gandhi.
  • Suite au mauvais score du gouvernement Di Rupo dans le dernier sondage RTL-IPSOS-Le Soir, David Coppi fait frissonner ses lecteurs en les mettant face à leurs responsabilités. Pour lui, c'est Di Rupo ou les chemises brunes: "le déficit de confiance qui atteint largement les classes dirigeantes du Vieux Continent est propice, potentiellement, à l’affirmation de formations populistico-protestataires qui rappellent les années trente."
  • Une info qui semble tout à fait naturelle pour Le Soir subsidié par les pouvoirs publics: 230.000 euros de la RTBF et 665.000 euros de Sambrinvest et Wallimage seront injectés dans Dreamwall, un studio de dessins animés en perte depuis sa création. Bravo à tous les contribuables qui financent la presse et les aventures du Petit Spirou!

Humour involontaire sur le site du Soir


Impayable humour du Soir qui associe sur sa page web plan "Grand Froid" et lutte de la Wallonie contre le "réchauffement".

mercredi 28 novembre 2012

PTB: bien choisir ses mots

Le Soir préfère manier l'euphémisme lorsqu'il écrit sur les révolutionnaires d'extrême-gauche. 

mardi 27 novembre 2012

Réchauffisme au Soir: du réchauffé!


Philosophe et sociologue des religions, Frédéric Lenoir n'a pas de formation scientifique et n'est spécialisé ni en économie ni en climatologie. Du coup, le Soir a décidé de l'interroger sur ces deux sujets.
A propos du climat, l'érudit recyclable affirme la larme à l'oeil que "les gaz à effet de serre des pays qui connaissent une forte industrialisation créent des problèmes très graves" et  que "les problèmes environnementaux créent des réfugiés écologiques".

Appuyons sur notre bullshit button tout neuf pour remettre de l'ordre dans ce fatras d'idées reçues.


Alarmisme réchauffiste: l'autre usine à gaz

Sur les gaz à effet de serre, le ton du philosophe est particulièrement alarmiste mais, pas de chance, son analyse ne repose pas sur des théories scientifiques solides. 

Pour faire court, il n'y a pas de consensus scientifique sur le rôle du CO2 dans les changements climatiques et les températures globales n'ont plus augmenté depuis 16 ans. Le prestigieux magazine Nature reconnaît de son côté qu'il n'y a pas de lien prouvé entre "météos extrêmes" et "réchauffement climatique". 

Ajoutons qu'une étude récente conclut que le CO2 d'origine anthropique a peu d'influence sur les changements observés dans la quantité de CO2 atmosphérique et que, contrairement à la croyance populaire, les variations de CO2 ont lieu longtemps après les changements de température:
  • Changes in global atmospheric CO2 are lagging about 11–12 months behind changes in global sea surface temperature.
  • Changes in global atmospheric CO2 are lagging 9.5-10 months behind changes in global air surface temperature.
  • CO2 released from use of fossil fuels have little influence on the observed changes in the amount of atmospheric CO2, and changes in atmospheric CO2 are not tracking changes in human emissions.

Autre mauvaise nouvelle pour les alarmistes-réchauffistes: le dernier rapport de l'IPCC (GIEC) sur "les événements extrêmes et l'adaptation aux changements climatiques" reconnaissait dans son chapitre 4 que les récents événements météos "extrêmes" ne pouvaient pas être attribués aux changements climatiques:  
  • "There is medium evidence and high agreement that long-term trends in normalized losses have not been attributed to natural or anthropogenic climate change"
  • "The statement about the absence of trends in impacts attributable to natural or anthropogenic climate change holds for tropical and extratropical storms and tornados"
  • "The absence of an attributable climate change signal in losses also holds for flood losses"
Réfugiés climatiques: où sont-ils passés?

Pour ce qui est du sort des réfugiés climatique, c'est encore plus comique. Frédéric Lenoir est en effet aussi mal informé que l'ONU qui prédisait en 2005 que le réchauffement créerait des millions de réfugiés climatiques et qu'en 2010 pas moins de 50 millions d'entre eux seraient forcés de fuir leurs maisons à cause de la sécheresse, des ouragans et de la hausse du niveau des mers provoquée par la fonte des calottes glaciaires.

Nous sommes en 2012, deux ans après l'échéance de la prédiction et il n'y a toujours aucun réfugié climatique à déplorer. Les régions désignées à l'époque comme étant les plus exposées au réchauffement sont actuellement celles dont les taux d'accroissements de la population sont parmi les plus élevés au monde.
La prédiction était tellement grotesque que l'ONU avait préféré effacer toute trace du pétard mouillé de son site web (fort maladroitement d'ailleurs, bien des scientifiques en rient encore). 

Le Soir: business as usual

Comme la plupart de ses concurrents, Le Soir ignore superbement les études scientifiques qui vont à l'encontre de ses croyances climato-apocalyptiques et n'offre la parole qu'aux intellectuels versés dans une science de bac à sable propice aux envolées plus lyriques que rationnelles.

Combien de temps encore le journal qui fait bailler remettra-t-il à demain cette fin du monde qu'il nous prédit chaque semaine?

lundi 26 novembre 2012

Rectificatifs 'as usual'...

Pour son papier sur le chômage sans limite de temps, Pascal Lorent interrogeait l'économiste Muriel Dejemeppes qui s'appelle en réalité Isabelle et Dejemeppe sans s. C'est une manie au Soir de s'emmêler les pinceaux...


dimanche 25 novembre 2012

Chômage: ne changeons rien, c'est plus sûr.

Il arrive régulièrement qu'un journaliste du Soir ne sache plus trop comment analyser la problématique sur laquelle il se penche.
Il donnerait bien son avis personnel et totalement convenu mais les lecteurs vigilants, de plus en plus habitués à puiser une partie de leurs informations à d'autres sources (blogs, presse anglo-saxonne non-subsidiée), ne sont plus aussi crédules qu'il y a 20 ans et sont fatigués des sempiternelles complaintes sur la malbouffe, le mal-logisme, le bienvivrensemble et la réappropriassion de lèspasspublik

Abonnés aux interviews

Mais pas de panique, pour les ramener dans le droit chemin de la PenCiDu (Pensée Citoyenne et Durable), il reste le fameux argument d'autorité qui conduira le journaliste à donner le plus souvent possible la parole aux professeurs d'université qui lui ont lavé le cerveau à l'époque où il étudiait le journalisme à l'ULB.

Le stratagème permet en outre au scribouillard d'éviter de longues recherches et le pénible effort d'une rédaction personnelle. C'est aussi un moyen fort pratique de se dédouaner du contenu d'un article en attribuant à des membres de l'élite intellectuelle statolâtre les idioties qu'il n'a pas osé écrire lui-même.

Dans les carnets du Soir, il y a aussi ceux qui ne sont pas profs mais qui ont acquis une certaine notoriété en tant que politiciens repentis reconvertis. C'est le cas de Philippe Defeyt.
L'ancien secrétaire fédéral d'Ecolo fait un petit peu office de Paul Krugman belge: un économiste keynésien barbu et passe-partout qui sort de son chapeau des idées plus convenues les unes que les autres pour expliquer doctement que "le système est au bout de sa logique" et que l'état n'en fait toujours pas assez pour nous rendre heureux. C'est gentil et rebelle à la fois, ça passe à tous les coups.
Le Soir est fan absolu et lui a donné la parole pas moins de quatre fois en octobre dernier.


Chômage à durée indéterminée

Philippe Defeyt s'étendait le 22/11 sur la pertinence d'une allocation de chômage illimitée dans le temps, et déclarait que "aucune limitation des allocations de chômage ne créera jamais un emploi supplémentaire" et qu' "il est injuste de faire peser sur les plus faibles cet échec collectif à créer de l’emploi".   

L'optique du Soir ne s'accommode toujours pas de l'argument que la Belgique est le seul pays au monde à offrir des allocations de chômage sans limite de temps et que ce système incite moins de chômeur à retrouver une dignité dans la vie active.

Bien d'autres économistes arrivent à des conclusions opposées à celles de Philippe Defeyt mais Le Soir n'en a cure et continue de prendre ses lecteurs pour des idiots en choisissant de ne leur présenter qu'un aspect de la question.

Il évoque très peu les contraintes que font peser les taxes et charges sociales sur les investissements des entreprises et la création d'emplois. Il n'aborde jamais la question de la pertinence du salaire minimum, véritable machine à exclure qui détruit quantité d'emplois peu qualifiés et empêche  une masse de chômeurs de remettre le pied à l'étrier.

Le Soir voit les problèmes mais ignore les solutions. Et ses ventes continuent de baisser.

samedi 24 novembre 2012

La Culture doit-elle être financée par l'impôt?

Catherine Makereel suit pour Le Soir l'actualité culturelle en Communauté Française (pour nos amis français: la Communauté Française n'est pas française) et se joint aux lamentations des artistes de la scène dès qu'une réduction du budget de la Kulture est envisagée. C'est actuellement le cas avec les réductions de dépenses prévues pour 2013 par Fadila Laanan, pétulante ministre des Subsides.

Interviews d'artistes "fragilisés" en mal de reconnaissance, dossier sur l'importance du théâtre dans le développement des enfants et papier sur les spectacles qu'on n'aurait pas vu sans l'argent des autres, Catherine Makereel n'épargne pas ses efforts pour alimenter le mythe tenace d'une culture qui ne pourrait survivre que grâce aux subsides publics.

L'histoire montre pourtant que la culture sous toutes ses formes se développe très bien sans l'intervention financière de pouvoirs publics et qu'elle n'a pas besoin d'être favorisée par rapport à d'autres secteurs économiques.
Les arts sont tout autant soumis aux lois de l'offre et de la demande que n'importe quel autre secteur économique et si un "artiste" n'est pas assez doué ou persévérant pour réussir dans sa branche, il devrait tout simplement changer de cap et de métier plutôt que de se plaindre et exiger du contribuable qu'il continue à financer son mode de vie.

On oublie trop souvent que l'économie de marché et la richesse productive sont les alliés de la production culturelle et l'esprit commerçant d'une société a une influence positive sur l'essor des arts, comme l'explique l'économiste Tyler Cowen:
Par la multiplication des sources de financements potentielles, l’économie de marché permet à l’artiste de négliger les consommateurs et de poursuivre entièrement ses besoins de création. T.S Eliot, par exemple, travaillait dans une banque. Paul Gaugin était courtier financier et Philipp Glass chauffeur de taxi. Si Marcel Proust a pu vivre reclus dans sa chambre pour écrire À la recherche du temps perdu, c’est grâce au soutien financier de membres de sa famille ayant fait fortune à la bourse. « Le bohémien, l’avant-gardiste, et le nihiliste, affirme Cowen, sont les produits du capitalisme ».
Le festival des complaintes d'artistes en mal de reconnaissance devient particulièrement insupportable en ces temps de crise. Et quand le relais de ces doléances indécentes est assuré par une presse écrite elle-même grassement subsidiée par la Communauté Française, la boucle est bouclée. 

Un blogueur relevait récemment cette facinante et naturelle collusion entre journalistes et pensée économique mainstream-keynésienne.

Le bon sens voudrait que Catherine Makereel se pose enfin la bonne question: est-ce bien le rôle de l'état de financer avec l'argent de tous les plaisirs culturels et le mode de vie de certains?

vendredi 23 novembre 2012

Le Soir et les statistiques

A force de nous pencher sur les problèmes de relecture et de biais bien-pensant dont l'équipe rédactionnelle du Soir s'est rendue coutumière, nous en avions presque oublié le ludique département Infographie qui aurait rudement besoin d'un stage de remise à niveau. 

Un diagramme bar chart publié le 20/11 dans les pages bruxelloises du journal surprend par son manque de clarté.
Son intitulé, "Evolution de la dette totale de la Région", invite à considérer les chiffres au sommet de chaque "bâton" comme l'évolution de la dette exprimée en pourcentage par rapport à l'année précédente. Dans cette optique, la dette aurait donc augmenté de 114,50% entre 2011 et 2012. Totalement absurde, même pour une entité fédérée aussi dispendieuse que la région de Bruxelles-Capitale. 

Il ne s'agit pas d'une évolution, comme le laisse penser l'intitulé, mais bien de l'endettement de la Région exprimé en pourcentage de ses recettes totales. Le sous-titre "En %" est d'ailleurs incomplet: en % de quoi?

Ainsi la dette régionale représentait 110,31% des recettes totales en 2011 et 114,50% en 2012.

Le Soir, 20/11 - Un graphique à la va te faire foutre

Un tableau "Evolution" devrait logiquement reprendre pour chaque année les chiffres absolus exprimés en milliers ou millions d'euros, comme le tableau ci-dessous publié dans le rapport annuel de la Région:


Gageons que Le Soir Watch aura bien d'autres occasions d'aborder la rigueur fort aléatoire du quotidien qui ne sait  ni dessiner ni compter.

Typo: le Soir ne se relit pas

On écrit tout et son contraire au Soir. Sur une même page (le 20/11), le désopilant quotidien subsidié interrogeait François Pichault, professeur de gestion des ressources humaines à HEC-ULG sur l'idée de réduction du temps de travail. Le professeur se montrait peu enthousiaste, évoquant le cas de la France:
« L’objectif annoncé de création de 700.000 emplois a été largement surestimé, constate François Pichault, professeur de gestion des ressources humaines à HEC-ULG. Dans les entreprises, cette diminution du temps de travail a généré de gros problèmes d’organisation, a induit une exigence accrue de productivité et, pour certaines, pesé sur leur compétitivité par le biais de l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires. »
Le professeur est donc contre la diminution du temps de travail, ce qui n'a pas empêché pas Le Soir d'écrire en exergue qu'il était... pour:


Ces propos devaient en fait être attribués à Mateo Alaluf, sociologue des 35 heures, professeur à l'ULB et phare intellectuel structuraliste que la rédaction interroge en moyenne 3,7 fois par semaine.

Le Soir s'excusait de sa maladresse dans son édition du lendemain.

jeudi 22 novembre 2012

Sur Twitter

Vous pouvez désormais nous suivre sur Twitter:

Catastrophisme climatique ordinaire: bon pour les ventes, coco!

Faible conscience professionnelle ou délire néo-millénariste (2012, tout le monde descend!), difficile de savoir ce qui pollue le plus les analyses des journalistes du Soir lorsqu'ils se penchent sur l'état du climat.
"La Banque Mondiale redoute une hausse de la température de 4°C dès 2060 et s'alarme du 'cataclysme' qui frapperait alors les pauvres" peut-on lire cette semaine dans le journal qui fait rire. 

En vérité, la Banque Mondiale ne redoute rien du tout. Son président s'est en fait livré à un exercice de politique-fiction et reconnaît explicitement sur son site qu'il s'agit d'un scénario-catastrophe tout à fait improbable.

Les gratte-copies du Soir ont-ils les sens tourneboulés au point de ne plus faire la différence entre une prédiction et un scénario? Ont-ils seulement remis leurs connaissances scientifiques à jour depuis Kyoto?

En attendant, la Terre ne s'est pas réchauffée depuis les 16 dernières années et la hausse du niveau des mers, qui durait déjà depuis des siècles sans influence du CO2, aurait tendance à ralentir, voire s'arrêter. Et les Maldives ne couleront pas.
Les ventes du Soir par contre...

Le Soir, 20/11/12

mercredi 21 novembre 2012

Impôt sur la fortune

Le Soir se délectait récemment des résultats d'un sondage portant sur la pertinence d'un impôt sur la fortune. 
Sans grande surprise, la majorité des réponses se classait dans la ligne béotienne-structuraliste épousée par le Grand Quotidien qui se garde bien de réaliser une analyse approfondie et chiffrée (sauf lorsqu'il s'agit d'interroger les marxistes-léninistes du PTB). 

Un impôt immoral et inefficace

Sans même parler de la baisse des investissements et de la fuite de talents et capitaux qu'il provoque (les entrepreneurs français démotivés fuient leur pays depuis des années), l'impôt sur la fortune constitue un projet fort coûteux et difficile à mettre en place (lourde administration à créer de toutes pièces, recrutement de fonctionnaires supplémentaires, constitution d'un cadastre des fortunes et du patrimoine digne de l'Inquisition). 
La réalité de son rendement est donc plus qu'incertaine et peut coûter à l'Etat deux fois plus qu'il ne rapporte.

L'impôt sur la fortune est en outre immoral car anti-social (il n'allège pas le fardeau des pauvres et décourage l'esprit d'entreprise) et constitue un impôt sur des revenus déjà imposés (mobiliers et immobiliers).

Enfin, Un impôt sur le patrimoine existe déjà en Belgique sous forme de taxes diverses: précompte immobilier, précompte sur intérêts, taxes sur plus-values, taxes sur opérations boursières, droits de succession, ...

Nous sommes tous socialauds

On constate que l'immense majorité des sondés est contre une hausse de la TVA. C'est fort logique étant donné que tous, sans exception aucune, seraient touchés par une hausse du prix des biens de consommation. 

Une grande majorité (75%) se dessine par contre en faveur d'un impôt sur la fortune. Une majorité schizophrène pour l'essentiel, chacun s'imaginant qu'il ne sera jamais concerné par une nouvelle guillotine fiscale. 
C'est aussi une réalité: le Belge devient solidaire dès qu'il s'agit d'aller puiser dans la poche du voisin. Voilà bien les limites et la perversion d'un système qui propose à 51 loups et 49 moutons de décider par un vote démocratique ce qu'il y aura au dîner ce soir.

Le débat doit être approfondi car les médias se contentent trop souvent d'analyses superficielles qui révèlent une ignorance sidérante des règles économiques de base.   

lundi 19 novembre 2012

Bisounours et Totoro

Voici la première partie d'une série que nous tenterons de publier chaque semaine. Vous y retrouverez un compte-rendu des infos consternantes et farfelues qui parsèment si souvent les pages du Soir. Papiers complaisants, odes aux dernières productions alter-comprenantes de zozos grassement subsidiés et réflexions profondes d'éditorialistes bien-pensant, pour rire ou pour pleurer. 


  • Pour Béatrice Delvaux, l'ennemi d'Obama et des leaders européens est "la romneysation de nos sociétés". Une saillie intellectuelle de plus, caractéristique du grotesque et lent mouvement de Béatrisation et Coppisation du Soir.

  • Il a formé plein de journalistes alter-comprenants et ces derniers ne ratent pas une occasion de l'interroger dans les pages du Soir: Mateo Alaluf, professeur de sociologie à l'ULB, propose d'étendre le statut d'artiste (un privilège accordé par l'Etat à des saltimbanques au talent médiocre) aux scientifiques, maraîchers et peintres en bâtiment... Et Luc de Brabandère, philosophe d’entreprise, ne voit pas pourquoi son gendre ne pourrait pas être artiste, même s'il est nul et que personne ne veut lui acheter ses croûtes:
"Le statut d’artiste, je pense que c’est l’ébauche de ce que pourrait être le futur. Je ne connaissais pas, mais mon gendre est artiste, et je m’y suis intéressé. Le principe, c’est de permettre à mon gendre de devenir artiste dans un monde où, si on ne prend que la loi de l’offre et de la demande, il ne le serait pas. Une espèce de garantie inspirée de l’allocation universelle qui permettrait de s’épanouir sans angoisse."

  • "Cours d'éducation à la drague" à Anderlecht: "Je pourrais leur demander de lire Zola ou Flaubert mais j'ai choisi de leur proposer un livre traitant de l'homosexualité à travers l'histoire de deux ados" déclare la prof de français. 

  • La commune de Berchem-St-Agathe reproduite en Chine: le canular issu de l'esprit malade d'une ASBL grassement subsidiée, pour lancer "une rumeur à la fois crédible et loufoque" et "permettre aux citoyens de s'interroger sur la démocratie, leur capacité d'intervention dans l'espace public, l'information et la désinformation, la manière d'appréhender les médias et réseaux sociaux.

samedi 17 novembre 2012

Anne Morelli: le communisme? Une paille!

Anne Morelli, professeur d'histoire à l'ULB (1er étage, prenez l'extrême-gauche au fond du couloir), a formé des générations de journalistes venus ensuite faire percoler la lutte des classes dans les pages de la presse nationale.

Les scribouillards reconnaissants ne ratent jamais une occasion pour renvoyer l'ascenseur à leur Pasionaria de coeur et grande amie des terroristes (CCC, mon amour) en l'interrogeant sur n'importe quel sujet susceptible de faire advenir le Grand Soir (!) dans l'esprit des lecteurs.

Le journal de révérence consacrait cette semaine une bonne demi-page à une exposition sur la propagande communiste en Belgique. Une occasion en or pour recueillir la Pensée Morellienne. L'historienne se plaint que ses 1.300 étudiants n'ont comme idée du communisme "que Staline et les goulags".



C'est un peu court en effet, car il y a bien d'autres choses à dire sur le communisme.
100 millions de morts par exemple.

jeudi 15 novembre 2012

Taxes: quand Le Soir trouve l'inspiration au PTB

Dans l'édition du Soir du 13/11, Dominique Berns, journaliste au service économique, appelle à la rescousse rien moins que le PTB, parti trotskiste-maoïste onano-guévariste marxiste-léniniste, dont il vante le projet d'un impôt sur la fortune ("un bon point de départ pour briser un tabou"). 

Les textes suintent de ce raisonnement typiquement statique, sauce vases communiquants, qui veut qu'une baisse de recettes doit toujours être compensée par de nouvelles ponctions plutôt qu'une baisse des dépenses de l'état. 

Nous avons encore affaire à des agitateurs de salon qui se soucient peu de savoir que ce genre de taxe coûte cher et rapporte peu et que nos taux d'imposition sont déjà parmi les plus élevés au monde, ni que le patrimoine qui ferait l'objet de cette nouvelle taxation a déjà été taxé à plusieurs reprises par le passé (en tant que revenu, sous forme de droits de successions et de précompte immobilier par exemple).

Gageons que dans un prochain dossier sur la gestion d'entreprises, Le Soir interrogera Bernie Madoff. 

mercredi 14 novembre 2012

Le Soir et la syntaxe

La lente chute aux enfers de la presse écrite est partiellement liée à un mépris du bon langage et une syntaxe de plus en plus approximative. Ainsi, la DH n'hésite plus à parler de "flics" au lieu de "policiers" et Le Soir s'affranchit des règles grammaticales en prenant des libertés avec la forme négative (voir l'encadré ci-dessous). 

Le Soir, 13/11/12

On sent l'influence bénéfique de l'atelier d'écriture que les journalistes du grand quotidien de référence avaient suivi à Lille fin 2005 pour rajeunir leur style peu avant une refonte du  journal...

mardi 13 novembre 2012

Logement

Militer pour le droit au logement, ça ne mange pas de pain, surtout lorsque, à l'instar du grand quotidien de révérence bruxellois, on érige la paresse intellectuelle en vertu journalistique. Le Soir s'est fait le champion du logement pour tous à 0,00 euro et vilipende dès qu'il le peut les vilains propriétaires spéculateurs-exploiteurs. 

Le journal se félicite dans son édition du weekend de la prochaine réforme du Code du Logement Bruxellois qui impose aux fournisseurs d'eau et de gaz d'espionner leurs clients:
"La réforme du code du logement se poursuit. Lors de la commission logement de ce mardi matin, les députés ont voté à l’unanimité la proposition d’ordonnance déposée à l’origine par le député PS Mohamed Ouriaghli, prévoyant que les fournisseurs de gaz et d’eau signalent une consommation faible. Cette mesure permettra de lutter contre les logements vides ou les adresses fictives. Actuellement, Hydrobru et Sibelga ne sont pas obligés de fournir les données aux communes. Souvent les deux gestionnaires de réseaux se retranchent derrière la protection de la vie privée."  
Si un logement est vide, il faut le taxer ou le réquisitionner, peu importe que le droit de propriété soit encore reconnu (et protégé?) dans ce pays ou qu'il y ait de bonnes raisons pour qu'un logement soit inoccupé pendant un certain temps. Autant interdire une fois pour toute l'investissement locatif privé et, tant qu'on y est, promouvoir un retour aux kolkhozes.

Le fait de transformer en délateurs des sociétés, même publiques ou semi-publiques, porte une atteinte grave aux droits naturels que sont le respect de la vie privée et de la propriété. Un flicage généralisé de l'immobilier ouvre la porte à toujours plus d'abus.

Selon Mohamed Ouriaghli, le député régional PS à l'origine du texte inquisiteur, tout cela est plutôt anodin:
Pour cette proposition d’ordonnance nous avons dû trouver un système acceptable pour la commission de la protection de la vie privée. Lorsque les arrêtés d’application seront en vigueur, Hydrobru et Sibelga seront obligés de communiquer les adresses des biens avec une consommation jugée trop faible pour être occupés. Seulement, les administrations communales ne recevront que l’adresse et le relevé. Le nom n’apparaîtra pas. A elles ensuite d’aller vérifier s’il s’agit réellement d’un immeuble à l’abandon ou d’une personne âgée vivant dans un home dont le logement n’a pas été vendu. 
Comment la Commission de la protection de la vie privée a-t-elle pu se satisfaire d'un tel stratagème? Dénoncer son voisin juif en '40 en ne transmettant que l'adresse et l'étage de son appartement était-il moralement moins condamnable que d'ajouter son nom au formulaire? Assurément non.
Le fait est que le droit de propriété fut définitivement mis a mal dès lors qu'un droit au logement, l'un des nombreux faux-droits qui donnent à l'Etat toujours plus de raisons d'intervenir dans la vie privée des citoyens, fut bétonné dans notre Constitution.

Si des logements restent vides, c'est le plus souvent pour de courtes périodes, suite à un déménagement de locataires ou lors d'une succession dont le dénouement prend plus de temps que prévu à cause de désaccords au sein de la famille du propriétaire défunt.
Ajoutons qu'à cause de politiques dissuasives (Code du Logement, longueur des procédures pour l'expulsion de locataires indélicats, déséquilibre de la loi sur les baux en faveur des locataires), les rendement locatif  sont de plus en plus réduits (1 à 2% après charges) et rend beaucoup de propriétaires privés méfiants vis-à-vis de l'investissement locatif. Certains se détournent alors de la location et conservent leur bien comme réserve de valeur pouvant être transmise plus tard aux enfants ou vendue en cas de besoin.

La menace constante d'une fuite en avant populiste, complaisamment relayée par Le Soir (taxation des loyers, réquisition et gestion publique de biens privés) n'arrange pas les choses.

Le Soir, 10 novembre 2012

Il est injuste d'imposer à des propriétaires privés le poids de charges que devraient supporter tous les contribuables pour en saisir le coût véritable. L'Etat n'est moralement pas habilité à punir un propriétaire de logement vide pour les mêmes raisons qu'il ne réquisitionne pas les automobiles garées dans la rue ou les tables vides d'un restaurant sous prétexte de les mettre à disposition de gens qui n'ont pas de voiture ou qui ont faim.

En social-démokratie, C'est le rôle de l'état, et non des propriétaires privés, de prendre en charge les problèmes de logement dont, c'est assez piquant, il est à l'origine dans l'immense majorité des cas (nous aurons l'occasion d'en reparler dans d'autres posts). 

Un constat s'impose à ce propos: ce sont les sociétés de logements sociaux qui comptent proportionnellement le plus de logements vétustes et inhabités et au moins 20% des logements inoccupés en région bruxelloise sont aux mains des communes ou des CPAS.

Quand Le Soir abordera-t-il sérieusement ce sujet sensible?

lundi 12 novembre 2012

Subsides télé: en toute indépendance!

"La production d'émissions télé a toujours été le parent pauvre de la politique audiovisuelle en Communauté Française" se lamente Le Soir (06/11). Dépenser plus de fonds publics pour la télévision, en se concentrant sur "la production indépendante d'émissions de télévision" (émissions jetables, du genre "L'amour est dans le Pré"), voilà la nouvelle proposition de Fadila Laanan.

Il faut être sot pour rassembler dans un même élan les expressions "plan de soutien" (c'est-à-dire avec l'argent public) et "production indépendante". Il faut assurément l'être plus encore pour relayer servilement cette information sans relever la contradiction flagrante dans laquelle s'empêtre la ministricule Laanan. Bravo au Soir qui s'imagine que l'on peut vivre de subsides publics tout en  restant indépendant.

En attendant, on se retrouve avec un machin de plus financé par l'argent des autres. Et ce n'est que le début: Mme Laanan, qui proclame sans rire "l'intérêt de ces émissions populaires pour la création d'une identité", compte débloquer encore plus d'argent "une fois qu'on aura lancé la dynamique"...

samedi 10 novembre 2012

Petraeus: game over pour adultère ou Benghazi?

Si vous êtes des lecteurs réguliers du Soir, vous aurez sûrement été frappés comme nous par son absence de sens critique et de capacité à recadrer des événements récents dans un contexte plus large. 
On attend pourtant d'un quotidien de référence qu'il recrute des journalistes qui connaissent leur sujet et recoupent leurs informations plutôt que de pâles pisse-copies se contentant de pomper les dépêches laconiques de l'AFP.

Pour le journal vespéral, David Petraeus, directeur de la CIA, démissionne pour une histoire d'adultère, point final. Aucune référence à l'attentat de Benghazi du 11 septembre où l'ambassadeur des Etats-Unis et 3 autres ressortissants américains avaient trouvé la mort.

Les meurtres de Benghazi du 11 septembre avaient très vite été attribués par l'administration Obama à une manifestation de braves gens qui auraient mal digéré les quelques minutes d'une vidéo postée sur YouTube alors que, dès le lendemain du massacre, un rapport officiel rejetait sans équivoque l'idée d'un mouvement spontané. 
Il ne fait plus de doute aujourd'hui que l'attaque de Benghazi, qui fut accompagnée de tirs de mortiers, était une action planifiée par des groupes liés à Al-Qaeda (11 septembre, anyone?)

Plus de 2 mois après les événements, aucun compte-rendu officiel détaillé n'a encore été publié.
Le drame de Benghazi a fait l'objet d'une campagne de dissimulation par l'administration démocrate, probablement dans le but de ne pas mettre en péril la campagne électorale d'Obama qui aurait fort souffert de révélations mettant en lumière les dysfonctionnements et le manque de communication flagrant entre le Département d'Etat et la C.I.A (les demandes de renforcement de la sécurité autour du compound n'avaient jamais été satisfaites, chacune des deux organisations pensait que l'autre était en charge de la sécurité du personnel à Benghazi, etc). Ces dérapages ont été amplement documentés par le Wall Street Journal la semaine dernière.

Le rôle trouble joué par la CIA à Benghazi, le manque de communication de Petraeus après le massacre, son entêtement à attribuer le désastre à une manifestation spontanée en dépit des preuves contraires et sa légèreté dans le traitement de sa boîte email auront fort probablement été bien plus déterminants dans sa démission quelques jours avant son audition devant la Chambre des Représentants qu'une relation extra-maritale qui est semble-t-il monnaie courante chez les précédents directeurs de la CIA sans que ces derniers aient été poussés vers la sortie pour adultère.

vendredi 2 novembre 2012

L'or est-il de l'argent?

La question de savoir si l'or est de l'argent pouvait encore paraître incongrue il y a à peine 4 ans. Avec la crise économique que subit l'Europe et les différents plans d'assouplissement monétaire foireux menés par la BCE, la presse généraliste et le public commencent à se poser la question de la pérennité de l'euro, monnaie fiduciaire (qui n'a de valeur que celle qu'on lui attribue sur la seule foi d'un gouvernement) dont l'avenir devient de plus en plus sombre. 

Dans une interview au Soir, Roland Leuschel, ancien directeur de la BBL, donne son avis sur le retour en force de l'or:
"L'or n'est pas seulement un placement, l'or est aussi une monnaie. Avec une pièce d'or, vous pouvez payer à Bruxelles comme à Honolulu. Et ce rôle de monnaie universelle va revenir. Je crois que l'on va d'une manière ou d'une autre devoir faire une réforme monétaire et revenir au gold standard, à l'ancien système de l'étalon-or."

Ne parlez pas aux hommes de l'état d'un retour à l'étalon-or car une monnaie solide basée sur un métal précieux est aux politiciens ce que l'ail et le soleil sont aux vampires. 
Un tel système impose une discipline monétaire et empêche les gouvernements de dépenser sans compter et d'imprimer toujours plus d'euros-Monopoly (comme le fait la BCE en catimini). De plus, l'étalon-or freine net leur capacité à générer de l'inflation pour alléger le poids de la dette (au prix d'un apauvrissement des ménages).


Selon Leuschel, l'abandon de l'or par les banques centrales a permis aux états-providence "d'utiliser le système bancaire comme un moyen d'étendre le crédit de manière illimitée". Il plaide en faveur d'un euro lié à l'or pour redonner confiance à la devise. Le débat sur les modalités d'un retour à l'étalon-or a déjà commencé un peu partout dans le monde.

Les arguments en faveur d'un retour à l'étalon-or sont solides. L'Histoire prouve que les pays dont le système monétaire était basé sur l'étalon-or connaissaient moins de récessions (celles-ci étaient par ailleurs moins sévères), profitaient d'une croissance économique plus forte et d'un niveau de prix beaucoup plus stable qu'aujourd'hui. 

Il est encore temps d'acheter de l'or...

jeudi 1 novembre 2012

La solution à la crise selon le Soir: harmoniser les taxes vers le haut

Il y a quelques jours, le quotidien vespéral bruxellois nous assénait une leçon d'économie dans ce style délicieusement sentencieux qui le caractérise.

Si les entreprises licencient, c'est, selon Pascal Lorent, à cause de la crise. Quelle perspicacité. 
Les réponses à apporter à cette crise, tenez-vous bien, "ne sont pas simples" et le voilà qui se met à lancer un tas d'idées originales pour nous sortir de ce mauvais pas.

Pour M. Lorent, la solution de la crise ne passe pas par moins d'état (le nôtre ne consomme jamais que 53% du PIB belge, une paille) mais bien par plus d'intervention publique, et ce au niveau européen s'il vous plaît, car la concurrence intra-européenne, c'est trop la jungle:
Pour répondre à la crise, l’Europe n’a d’autre choix que de parler d’une seule voix. Elle seule présente la taille critique pour s’adresser aux grands groupes qui ouvrent ou ferment des usines sur son sol. Elle seule peut exprimer une politique industrielle cohérente, tenant compte de l’état de son marché intérieur. Elle seule peut harmoniser vers le haut fiscalité et couverture sociale sur tout son territoire. Bref, elle seule peut protéger ses citoyens d’une récession trop grande pour la plupart des Etats.
La messe est dite: il faut une politique industrielle (comme celle de faire la cour aux constructeurs automobiles après avoir tout fait pour décourager l'usage de la voiture) et augmenter les impôts partout. L'harmonisation fiscale dont rêve Lorent, c'est ce qu'on appelle un nivellement par le bas où les bons élèves européens devront se mettre au niveau des cancres de l'UE.

La méthode est simple: on trouvera le pays de l'UE le plus mal géré, celui qui taxe le plus ses entreprises (celles qui restent) et ses travailleurs, gaspille les deniers publics et s'endette sans compter et on dira aux autres membres de faire exactement comme lui. Tout le monde sera plus pauvre certes, mais aussi plus égal. 
Et quand les dernières industries auront fui le continent, on pourra toujours accuser les Chinois et les Coréens de dumping anti-social.